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Re-création de la cour de récréation "d'antan". Photos : Catherine Shedid, Gilles Dutang, Serge Dumonteil.
Les enfants qui se sont prêtés au(x) jeu(x) de ces photos "rétro" se nomment Lisa, Lucie, Noémie, Vanessa, Alexandre, Corenthin et Enzo.
Juste à l'angle de la mémoire et de l'oubli, la cour d'école découpe éternellement son carré d'enfance et les petites filles, assises sur les marches, ont des rires moqueurs dans la voix.
Les rondes tournent, les chansons sont restées les mêmes. La soupe à l'oseille est pour les demoiselles et le Palais Royal est un beau quartier. Le bois usé des poignées de la corde à sauter a gardé son bleu éteint et vos sept ans ont toujours leurs socquettes blanches.
Suivant les saisons, les cartables balancés contre les piliers du préau ont des senteurs de pomme, de crayons de couleurs, de gomme, de mandarine ou de coquilles marines que l'on savoure entre deux sonneries.
Les poches sont gonflées de billes remplies de ciel et les genoux de la cour sont plein de cicatrices.
1 - 2 - 3 Soleil . Arrêt sur image, puis le jeu reprend sa course en équilibre, tel un funambule.
Cour de rentrée des classes, cour d'attente et d'inquiétude, récréations solitaires à se fabriquer des rêves pour l'hiver, à jouer à faire semblant.
Il fait souvent beau dans la cour d'école et le soleil pousse les marelles vers l'ombre des marronniers, il apaise les rires, transforme les rondes folles en rondes sages ou en confidences alanguies qui tournent par deux ou par trois. La bague d'or dans les mains jointes fait courir le furet.
Mais dans la cour d'école, quand il pleut des odeurs de craie, d'encre et de feuilles jaunies, quand il pleut des gargouillis et des hoquets de gouttières, les flaques sont des marées montantes et deviennent alors terrain de jeu pour des éclaboussures interdites.
Le chat mange la souris, le pigeon vole et le loup met son pull-over, son pantalon, chausse ses souliers pour dire subitement : j'arrive !
Les jours de pluie ont la couleur du livre de lecture, les bergères rentrent leurs blancs moutons, et les parapluies se penchent au dessus des passages cloutés. Dehors, il ne pleut que du gris !
Mais qu'est-ce qu'elle a fait la p'tite hirondelle, elle nous a volé trois p'tits grains de blé.
Jacques a dit : courons dans les greniers pour des jeux de greniers, courons après les nuages pour de tendres bavardages, on se tourne à droite et le bonheur est à droite, on se tourne à gauche et le bonheur est à gauche, on se fait des aveux tendres et fiers, on joue avec le feu pour des jeux de vilains, jeux de l'amour et premiers chagrins ! Il est bien loin le temps des socquettes blanches, mais là, dans la cour des grands, juste à l'angle de la mémoire et de l'oubli, il pleut des couleurs, des envies d'ailleurs, il pleut de la vie.(Odile Collin)
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