"Frissons d'Ailleurs"

Spectacle 2007 de l'atelier théâtre de SAML (Clinique de Vaugneray)



FRISSONS D'AILLEURS est un spectacle écrit et réalisé par la troupe de l'atelier théâtre de S.A.M.L. (Soins et Accueil des Monts du Lyonnais), clinique psychiatrique de l'Ouest lyonnais. Troupe qui inclut principalement des patients schizophrènes.


Article dans l'EssorLes 8 et 9 Juin 2007, les patients de l'atelier théâtre de SAML ont présenté, dans les locaux de la clinique un nouveau spectacle poétique intitulé "Frissons d'ailleurs".

Chacun avait travaillé sur ses propres origines pour présenter aux spectateurs un tour du monde où émotions, déraisons, rires et rêves illustraient cette quête de ses racines qui fait pousser des ailes à chacun.

……

"A chaque gare un souvenir, à chaque terre une voix légère, apaisante, à chaque coin de rue un tremblement de coeur, ou un tremblement de larmes !"

……

Ce spectacle était ponctué d'intermèdes musicaux, notamment pour la partie "live" avec Guillemette (voix et guitare), et Guillaume (flûtes). Et la régie était assurée impeccablement comme à l'habitude par Jean-Louis Berger.


Comme l'an passé, nous publions ci-dessous le TEXTE de ce spectacle (merci à Agnès V. qui l'a dactylographié) :

 


FRISSONS D'AILLEURS

 

[Musique : Yma Sumac]

(Pendant la Musique, Arnaud passe avec une valise, l'ouvre, met un chapeau et repart. Laetitia passe avec un sac, l'ouvre, met un foulard et repart).  

 

Odile :  

Chant d'ailleurs, cris d'ailleurs, la voix résonne et dévale les abîmes du silence pour éveiller l'écho du souvenir. Chant de la terre, voix légère, tendre, apaisante. C'est peut-être celle de ma mère que je ne connais pas, celle de mes origines.  

 

Richard  :  

Je marche à la rencontre de qui, de quoi ? Il y a là comme l'histoire du monde, notre histoire, fragile.  

 

Odile :  

Demain, je prendrai le premier vent, le premier train en direction de l'est.

Je n'ai de toi qu'une photographie

Je sais il y a eu la guerre, mais j'ai besoin de savoir, besoin d'entendre crisser sous mes semelles quelques cailloux de la Neva, besoin d'entendre les violons de mon grand père et de respirer l'odeur des oignons rouges.  

 

 

Guillemette (guitare, chant)  

 

(arrivent Arnaud, Feten, Julien, Kéo, Yan, Michèle)

 

Laetitia :  

Ma terre c'est du sable et des cailloux.  

 

(tout le monde dit, "ma terre..."      et part sauf Julien et Arnaud).  

 

(Musique Bregovic : Ederlezi).

 

Laetitia arrive avec une charrette (se pose et dit son texte) :  

 

Ma terre, c'est du sable et des cailloux.

Il n'y a plus d'arbres à Sarajevo

On les a coupés pendant l'hiver

Pour survivre au froid de cette ville

Rien n'est simple

Un jour de guerre comme les autres

Partir d'ici provisoirement, ou pour toujours ?

J'aime surtout le samedi et le dimanche parce que ces jours là, je peux vous imaginer.

Toi, grand-mère qui faisait des bulles de savon dans la cour et qui me faisait jouer avec la boîte à boutons.  

 

Julien  :  

Rien n'est simple, un jour de guerre comme les autres.  

 

Laetitia  :  

Toi qui déballais des bijoux de pacotille et me couvrais de dentelles de mariée, toi qui me mettais du camphre autour du cou pour me protéger des mauvais sorts !  

 

Arnaud  :  

Rien n'est simple, un jour de guerre comme les autres.  

 

Laetitia  :  

Toi qui me contais des histoires au lit dans ton odeur de vieille et qui brossais tes cheveux roux la tête en bas pour en faire un chignon, comme ta mère et la mère de ta mère !

Toi qui ne sortais jamais de la maison et qui croyais que les sous troués avaient encore de la valeur !

 

Je me souviens

J'étais toute petite

Et je regardais avec toi le soir

les lumières de Dubrovnik de l'autre côté du pont.

Il n'y a plus de pont.

Toi, mamie Sylvia

Je t'ai à peine connue

Quelques photos, quelques lettres,

Quelques souvenirs racontésÉ

Mais je sais que dans ton jardin

Il y avait des oignons rouges.

 

(à nouveau musique, ensuite shuntée..)

 

(Laetitia reste assise, arrive Michèle).

 

 

La lettre, par Michelle :  

 

Sarajevo, le 10 octobre 1992  

 

Ma chère soeur,  

Depuis hier nous sommes très euphoriques, car nous avons reçu le colis de nourriture que vous nous avez envoyé de France, et pendant toute la nuit nous n'avons pas pu dormir, tant nous étions heureux. Nous n'arrivions pas à penser à autre chose. Nous n'avions pas vue une telle quantité de nourriture depuis le début de la guerre ; nous essaierons de la consommer avec parcimonie et de la faire durer tout l'hiver. Nous pensons sans cesse à vous et au bonheur d'être un jour, à nouveau, tous ensemble, au chaud.  

Parfois nous apercevons à la télévision ce monde tout rond et repu, et cela nous semble tellement absurde qu'ils restent là en se fichant de nous, qui, en Bosnie, sommes en train de mourir comme des mouches.  

Mais ne t'inquiète pas, d'une manière ou d'une autre notre peuple s'en sortira. Au fond, à force de ne pas manger nous sommes devenus plus légers &endash; nous avons tous perdu entre quinze et vingt kilos &endash; et nous pouvons courir plus vite au milieu des balles et des bombes.  

Nous vivons au jour le jour en essayant de surmonter les difficultés, attendant en vain que le ciel se rassérène et que les oiseaux recommencent à voler. Ainsi nous pourrons enfin sortir dans la rue, nous promener, rencontrer nos amis. Nous sommes aussi plutôt fiers, et l'orgueil d'avoir été capables de nous adapter à cette vie inhumaine est peut-être ce qui nous donne la force de survivre. Nous nous en sortirons, même si notre ville est en train de disparaître et si les hôpitaux sont pleins de notre jeunesse mutilée et mourante.  

Cette guerre finira, j'espère, le monde s'apercevra que c'est une folie totale qui ne peut pas continuer.  

Bientôt le froid arrivera. Heureusement, cette année, il est en retard et la température est encore douce.  

Tu verras, quelque chose va se passer avant l'hiver. Nous avons assez souffert.  

Avec toute mon affection.  

Ta soeur Séka.

 (Guillaume à la flûte)  

 

Richard  :  

Musique d'ailleurs

Parfums d'ailleurs

Je continue ma route

Pour savoir, pour avancer

Mais la nuit, dans les miroirs

Les miroirs du buffet d'la gare

Les mouchoirs s'agitent

On ne se retourne pas

Sur un muret parmi les citronniers

Un chat blanc se chauffe

Au soleil du matin.  

 

Odile  :  

Plus bas la mer

Les oiseaux s'éloignent avec le vent

Le vent qui sépare le soleil

et les accents

Exil

contre exil.   

 

(Guillaume à la flûte)  

[Musique : Tawes]  

 

Feten  :  

Ma terre c'est du soleil

des loukoums

c'est toi le nomade.  

 

(arrivent Arnaud qui danse avec Feten, puis Yan qui vient s'asseoir sur la souche)  

 

(à la fin de la danse, Arnaud s'assoit vers Yan et Feten dit son texte)  

 

 Feten  :  

Ma terre c'est du soleil

Des odeurs et du jasmin

Du soleil et des festins

Là-bas, la vie est bonne

comme une figue

et tendre comme une eau

qui sous les tamaris

fait transpirer la peau légère des amphores

Tunis, Kairouan, Hammamet, Bizerte

Ma terre, c'est des loukoums et du soleil

C'est le coran des bergers

des guerriers, des moutons et des coqs

dont on coupe le cou

et qui laissent leur sang dans la poussière

Tunis, Kairouan, Hammamet, Bizerte.  

 

Yan  :  

Exil. Contre exil.  

 

Feten  :  

Ma terre c'est du soleil

Des bateaux au loin

Des mouchoirs que l'on agite

Des odeurs de narguilé, les jours de prière.  

 

Arnaud  :  

Parfums d'homme. Parfums de coeur.  

 

Feten  :  

Ma terre c'est du soleil

Ma terre c'est toi le nomade

guidé par la voix du prophète

cette voix qui rassemble

et qui fait lever la tête des chameaux

remontant l'eau des puits.   

 

Arnaud  :  

Tremblement de terre.  

 

Yan  :  

Tremblement de coeur.  

 

Arnaud  :  

Tremblement de hanches.  

 

Yan  :  

Tremblement de larmes.  

 

Feten  :  

Mojia, toi l'arabe

et toi l'indienne

Sang mêlé

Commence la fête sans moi, j'arrive

Continue à vivre sans moi, j'arrive

J'ai commencé à aimer sans toi

Mais j'arrive.  

 

(Guillaume : flûte)  

 

(Feten s'adresse à Yan)  

 

 

Feten  :  

Tu ne dis rien ?   

 

Yan  :  

Je n'ai rien à dire  

 

Feten  :  

A quoi tu penses ?  

 

Yan  :  

A rien. Si, à l'écriture.

On me demande de réfléchir sur mes origines, alors ça coince !

Moi aussi j'ai du soleil à donner, mais des fois j'oublie.  

 

Feten  :  

Tu as bien des souvenirs ?  

 

Yan  :  

Oui, mais si peu.

Je suis allé pourtant dans le grenier de l'autre,

Mais je n'ai rien trouvé.  

 

Feten  :  

Il y a trop de poussière dans les greniers.  

 

Yan  :  

Alors j'ai cherché tout seul

J'ai écrit

J'ai téléphoné

J'ai acheté, j'ai vendu

J'ai cherché des bacs à sable et puis j'ai toujours cru que les feux de l'amour

s'éteignaient avec le bouton de la télé,

Alors j'ai rallumé la télé, puis j'ai cassé la télé,

Et puis j'ai prié dans le silence des monastères.

J'ai découvert l'absurde

J'ai pris froid

Je suis un voyageur en cale

sur le navire du retour

Les courants d'air sèchent mes larmes

dans les odeurs de graillon de salle d'attente

J'attends l'heure de renaître, provisoirement, quelque part.  

 

Feten  :  

Et l'écriture dans tout çà ?  

 

Yan  :  

Ce serait un livre sur quelqu'un que l'on pourrait suivre à la trace parce qu'il laisse dans la neige fraîche les empreintes de sa peur bleue.  

 

Ce serait un livre sur les bords lointains

Ce serait un mêli-mélange bruyant

Un voyage jusqu'au km 13

Ce serait une flopée d'images en coin,

fraîches comme une carafe de rosée

Ma terre c'est des traces

Des photos

Et l'envie d'aller plus loin. 

 

(s'en va).  

Feten part en dansant.  

 

[Musique chinoise]  

 

Odile  :  

Je bois toujours du thé de Chine

en t'attendant, le train peut repartir.  

 

Richard  :  

L'envie d'aller plus loin

les mains jointes, aux abords des temples ou dans les rizières plantées là au milieu des buffles.  

 

Odile  :  

Le train s'est arrêté

On a envie de se blottir au coude à coude pour apprécier encore davantage le bol de riz et la tasse de thé.  

 

Richard  :  

Il faut avoir atteint cette heure incertaine qui bascule vers la nuit.

L'air est-il vraiment bleu, ou est-ce simplement le jeu des lampes basses qui s'allument sur des conversations discrètes mais ponctuées de rires tranquilles, de silence sans gêne ?  

 

J'entends encore ces femmes murmurer des mots d'arbre, de rivière,

murmurer des mots arrachés à la guerre, à mon enfance.  

Est-ce pour cela que je ferme souvent les yeux ?  

 

[Musique chinoise &endash; hommage à Chen Zhong (1-2-3)]

 

Arrive Kéo  

 

Kéo  :  

Ma terre c'est des offrandes et du riz   

 

Michèle  :  

Ma terre, c'est aussi 5 années de guerre qui ont suffi pour tout détruire,

les camps, la haine.

C'est une sensation d'écrasement, de champs de bataille qui nous saisit et qui nous mine encore.

Ma terre c'est aussi des sourires nombreux qui cachent un voile de tristesse et la misère qui saute aux yeux.

C'est un long et laborieux processus pour réparer les blessures et repartir à neuf.

Ma terre c'est un alignement de cabanes rurales en bois au toit couvert de palmes et de pailles de riz, sur pilotis pour s'isoler à la saison des pluies.

Ce sont ces lits qui ressemblent à des tables pour s'asseoir, discuter, trier des légumes.

C'est aussi ces maisons stylées en ville, héritage de la colonisation.

Ma terre, c'est du riz et des offrandes faites aux moines, silhouette oranger,  

se protégeant du soleil sous leur ombrelle.

C'est aussi la forêt et les temples, vestiges du passé et des croyances toujours actuelles.  

 

__________________  

 

Michèle  :  

J'ai voyagé, quitté ma terre et en remontant vers le nord-est, j'ai rencontré un marchand de poésies ancestrales, propices à la méditation.  

 

Je vais vous en livrer quelques unes :

« Derrière les larmes de l'enfant,

même un cerisier en fleurs ne sourit plus ».  

 

Laetitia  :  

Une nuit au temple

La lune

Au plus clair de mon visage  

 

Yan  :  

Soulevant le store

De l'été qui s'en va

je ne vois rien  

 

Julien  :  

Matin de printemps

Mon ombre aussi

Déborde de vie  

 

Feten  :  

A la lune du soir

Le cri de la loutre

Offre des poissons  

 

Arnaud  :  

Sur la feuille de lotus

Tourne

La rosée du monde  

 

(pendant les haïkus, Kéo danse et tape sur le bol)  

 

Richard  :  

J'ai voulu conserver pour grandir un éclat de rire du temps de mon enfance, et je vous l'apporte tout chaud avec ses chapeaux pointus et un costume à paillettes.

 

J'ai traversé le temps avec cet éclat de rire dans les yeux et je m'en sers parfois comme oreiller pour traverser mes incertitudes.  

 

[Musique, accordéon -  Esperanza]  

 

 

Guillaume  :  

Me voici me voilà, je suis le marchand d'éclats de rire, le chef de gare du tortillard et j'ai dans mon chapeau de quoi faire rire tous les gens de la planète.  

 

(jonglage...)  

 

Michelle  :  

Le chapeau inusité de nos jours a connu, jadis, une vogue extraordinaire.  

Mais d'où vient cet abandon actuel du chapeau ?  

Eh bien tout simplement parce que le chapeau empêche le cheveu de respirer.

Le cheveu transpire sous le chapeau et la transpiration ne peut s'évaporer.  

A cause de la cloche du chapeau qui est comme une serre

Et maintient la chaleur du soleil sur le sommet du crâne qui dès lors transpire.  

Il n'est pas rare de voir des chapeaux s'envoler sous la pression de la vapeur produite par la respiration du crâne du penseur.  

N'est ce pas pour cela que Rodin a représenté le penseur sans chapeau ?  

Un penseur qui aurait un chapeau c'est impensable !  

Et de mon chapeau, que sort-il donc ? de la vapeur ? des rubans, un lapin ?  

Non des histoires.  

Des histoires à dormir debout ? Peut-être.  

Des histoires pour rire ? Certainement.  

 

Guillemette   (guitare, chant)  

 

Richard  :  

Après avoir volé quelques éclats de rire pour la route, je pris le train express de 7h15 pour Vladivostok.

Arrivé à la gare, il n'y a plus d'employé pour me renseigner, plus même de composteur.

Dans la salle d'attente, plusieurs carreaux sont cassés.

Le silence paraît sournois, on s'attend à entendre tout à coup une respiration oppressée, à voir surgir une silhouette, l'ombre d'une mitraillette.

Il fait froid, la neige est dense.

 

Odile  :  

Elle était si pimpante la gare au temps de Monsieur Igor !

Les bacs de géraniums sont restés sur l'appui des fenêtres,

remplis seulement d'une terre compacte, presque cimentée.

La déchéance de la gare révèle quelque chose, je ressens soudainement une force indescriptible, un désir, des visions d'isba chaleureuse, des souvenirs flous.

Le temps a pratiquement tout effacé mais enfin je vais savoir.  

 

 

Arnaud  :

Ma terre c'est de la neige et de la déraison.

 

[Musique (Dobranotch n° 7) &endash; Danse]

 

Laetitia :

Ma terre, c'est de la neige et de la déraison, c'est le grand chagrin, celui qui attire les larmes, les cauchemars, le besoin de se lever pour boire. Bruits.  

 

Arnaud :

Une voiture certainement, mais je danse.  

 

Laetitia :

La guerre, c'est une photo, un enfant, et le chat qui s'endort. A chaque coin de la planète, la guerre lance des enfants sur des routes inconnues, et l'oiseau poursuit son chant.  

 

Arnaud :

Les cicatrices sont mal recousues mais je danse.  

 

Laetitia :

Pourquoi la nuit est-elle si noire ? Quand le ciel neige lentement sur les plaines de Sibérie ? Pourquoi les regards ne se touchent que dans les verres ?

Pourquoi l'eau glacée se referme derrière les baisers ?

Je pressens simplement qu'il y a là comme l'histoire du monde. Fragile.  

 

Arnaud :

Mon histoire, mais je danse.  

 

Laetitia :

Drôles d'icônes que ces poupées russes, que ces paysans tchétchènes tombés sous les tirs, que ce théâtre vide, que St Peters bourg et son dimanche rouge.

Que l'ermitage et sa volée de colonnes blanches, les clochers turquoises de St Nikolas, Chagall a bien raison de faire voler les violons et les mariés. Bruits.  

 

Arnaud :

Un avion certainement mais je danse.  

 

Laetitia :

Ma terre c'est de la neige et de la déraison, collante, indélébile, sur des barreaux de lit.  

 

Arnaud :

Mais je l'aime et je danse.  

 

Laetitia :

Accueil, délivrance, amour.  

 

Arnaud :

Enfin et je danse, et je danse.    

 

[Musique Dobranotch - n°7]

repartent en dansant.

 

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Musique (Techno Mission  n°1)  

 

Julien :  

Ma terre c'est de la musique et des coups

Des sentiments HLM, des sentiments bidons,

Bidons,

Bidonvilles dans tes yeux d'autrefois où j'aimais naviguer

Moi, avec toi dans nos yeux,

Dans nos yeux bien à nous,

Sans histoire de France, sans géométrie,

Sans règles de grammaire

Ma terre c'est de la musique et des coups,

Du rap dans les chaussures et dans les mots

Des feux rouges, stop, on s'embrasse

Ma terre, c'est des embouteillages,

De la musique et des coups

Du chapardage de fric pour des Nike sans lacet

Des tags sanguinaires sur les murs de la haine

T'as pas 100 balles

Tacos et Adidas

C'est toi mon frère de la cité

En errance

En bonnet

En souffrance

C'est Marley

C'est Hendrix

XXL

Ma terre c'est de la musique et des coups

Et ça vient de la rue.  

 

 

Bagarre au ralenti  (Julien - Arnaud)  

 

 Tout le monde arrive à tour de rôle et regarde la bagarre en disant :  

"ça vient de la rue."  

 

Musique (Enya)

 

Odile :  

Ma terre c'est du sable et des cailloux.  

 

Richard :  

C'est un bonjour à celui que je ne connais pas

C'est un visage

Un parfum, le décor de notre mémoire.  

 

Odile  :  

Ma terre c'est du soleil

C'est bâtir une route à l'assaut des nuages

Bâtir pour toutes les saisons

Pour tous les mots reçus et répétés

Par le sable qui joue avec la mer.  

 

Richard  :  

Ma terre c'est des offrandes et du riz

Un frisson d'ailleurs

Et des baisers retrouvés.  

 

Odile :  

Ma terre c'est des éclats de rire

Des confettis et des serpentins

Des tartines de confiture

Et des enfants qui jouent sous les préaux.  

 

Richard :  

Ma terre c'est de la neige et de la déraison

C'est une prière à inventer

Un merci à crier.  

 

Odile :  

Ma terre c'est une rue à traverser

Des souches à éclairer

Et des arbres à redresser

C'est marcher sans se retourner.  

 


(© Par Odile Collin et les participants de l'atelier. Tous droits réservés)

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